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EURAD-2 : le partenariat de recherche européen sur les déchets radioactifs renouvelé

Les 23 et 24 octobre dernier à Gand (Belgique), s’est déroulée la réunion de lancement d’Eurad–2. L’Andra conserve la coordination de ce partenariat européen de recherche, renouvelé pour cinq ans. Son objectif est de fédérer les efforts de recherche et de partager les connaissances scientifiques et techniques sur la gestion des déchets radioactifs.

Les participants de la réunion de lancement d’EURAD–2 à Gand en Belgique.

220 participants venus de toute l'Europe et au-delà (Corée du Sud et Etats-Unis) ont participé à ces deux journées intenses afin d’avoir une vision d’ensemble des 18 groupes de travail qui constituent le nouveau partenariat. « L'enthousiasme et l'esprit de collaboration démontrés lors de cet événement de lancement sont très prometteurs et encourageants pour la réalisation des objectifs ambitieux que le consortium s’est fixé pour les cinq prochaines années », souligne Louise Théodon, coordinatrice d’EURAD-2 pour l’Andra. 

Une approche pluridisciplinaire et collaborative

Fort du succès du précédent partenariat (2019-2024), EURAD-2 introduit de nouveaux thèmes comme l’effet du changement climatique, les déchets radioactifs des Small Modular Reactor (SMR)*, la performance des couvertures pour le stockage en surface des déchets ou encore le jumeau numérique*. Pour contribuer à l’effort collectif, de nouveaux membres rejoignent également l’aventure. EURAD-2 réunit aujourd’hui un consortium de 143 organisations issues de 21 états membres de l'Union européenne et six partenaires internationaux.

Comme les responsables scientifiques du Consortium l’ont rappelé, EURAD-2 représente ainsi le plus grand partenariat européen sur la gestion des déchets radioactifs et doit permettre de développer le leadership de l’Europe en la matière. 

 

 

*Glossaire

Jumeau numérique : Modèle virtuel qui permet de réunir au sein d’une seule interface collaborative l’ensemble des données, pour les gérer, assurer leur traçabilité et suivre leur évolution au fil du temps, durant toutes les phases de vie du projet ou de l’installation.

Small Modular Reactor (SMR) : Technologie de réacteurs nucléaires modulaires de petite taille. Leur puissance est plus faible que celle des réacteurs actuellement en activité en France. Comme toute installation nucléaire, les SMR produiront des déchets radioactifs.

Lien vers EJP-EURAD

EURAD en bref

Débuté en juin 2019, EURAD (European partnership on radioactive waste management) traduit la volonté de la Commission européenne de structurer une communauté scientifique autour de la gestion des déchets radioactifs. Piloté par l’Andra, le premier partenariat de cinq ans a mobilisé plus d’une centaine d’acteurs : des organisations de gestion des déchets radioactifs (comme l’Andra en France), des organisations en support aux instances de régulation (comme l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - IRSN) et les entités concernées par la recherche sur le sujet (le CNRS, le CEA, etc.). Réunis au sein de 17 groupes de travail, ils ont pu faire avancer la recherche sur de nombreux sujet comme la gestion à long terme des stockages (gestion des incertitudes et des connaissances), mais aussi sur les phases amont de la gestion (caractérisation, traitement et conditionnement des déchets, entreposage provisoire).
 

Focus sur le groupe de travail L’OPERA

Le groupe de travail L’OPERA (Long term performance of waste matrices) étudie la performance à long terme de nouvelles matrices de conditionnement de déchets radioactifs de faible et moyenne activité, principalement à vie courte (FMA-VC). Ces matériaux garantissent en effet l'enrobage ou le blocage de certains déchets dans leur colis afin d’être stocké en toute sûreté (voir encadré).

Les nouvelles matrices permettent notamment de maîtriser davantage les interactions physicochimiques avec les déchets radioactifs. Les géopolymères(1) sont par exemple envisagées comme matrice de conditionnement pour les déchets métalliques magnésiens ; les ciments phospho-magnésiens(2) pour les déchets métalliques aluminium ; ou encore le Nochar(3) pour certains déchets liquides.

Même si certaines ont été déjà utilisées par le passé, les connaissances sur les matériaux de ces nouvelles matrices de conditionnement sont encore peu nombreuses, notamment en ce qui concerne leurs performances à long terme, comparées aux matrices cimentaires utilisées couramment. C’est pourquoi le groupe de travail L’OPERA, qui mobilise 25 partenaires européens, a pour objectif d’étudier leur comportement sur des échelles de temps importantes et leur durabilité en condition de stockage.

 

(1) Les géopolymères désignent une famille de composés constitués d’un squelette alumino-silicaté polymérisé et/ou réticulé.
(2) Les ciments phospho-magnésiens sont des ciments à prise rapide appartenant à la famille des liants dits « acide-base ». Ils sont composés d’oxyde de magnésium calciné à haute température et d’un sel de phosphate acide soluble dans l’eau.
(3) Le Nochar est un polymère organique.

 

 

Pour approfondir…

Les matrices les plus utilisées pour les déchets FMA-VC sont cimentaires. Elles permettent de bloquer des déchets solides tels que des déchets technologiques. Les colis de déchets ainsi produits sont alors dits hétérogènes. Les matrices cimentaires permettent également d’enrober des déchets liquides ou pulvérulents (les concentrats d’évaporation, boues de traitements chimiques, résines échangeuses d’ions, etc.). Dans ce cas, les colis de déchets sont dits homogènes. D’autres matrices sont utilisées pour l’enrobage des déchets FMA-VC, mais en plus faible proportion : c’est le cas du bitume et de certains polymères.

Focus sur le groupe de travail InCoManD

Le groupe de travail InCoManD (Innovative and new container/canister materials under disposal fiels conditions) regroupe plus de 30 acteurs autour de deux objectifs en lien avec les conteneurs de stockage de déchets de haute activité (HA) (voir encadré).  

Le premier objectif est de proposer des matériaux et des solutions innovantes pour fabriquer des conteneurs de stockage de déchets HA. Des matériaux tels que des céramiques, sous forme massive ou de revêtement, monolithique ou en composite, seront particulièrement étudiés, notamment pour leur très faible propension à la corrosion. Les problématiques liées à leur fragilité sont en revanche un point dur à traiter par le groupe de travail.

Le second objectif d’InCoManD est d’établir une meilleure connaissance du comportement des matériaux actuellement utilisés comme référence pour les conteneurs de stockage, à l’image du cuivre ou des aciers bas carbone. Il s’agira ainsi de les tester dans des conditions toujours plus représentatives de celles prévues en stockage. Cela requiert notamment le développement d’équipements permettant de coupler les sollicitations sur les conteneurs et des modèles numériques reproduisant le comportement observé à des fins de prédiction.

 

 

Pour approfondir…

Cigéo, le projet de stockage géologique pour les déchets les plus radioactifs, est prévu notamment pour accueillir les déchets de haute activité (HA) issus principalement du retraitement du combustible nucléaire usé. Ces déchets sont piégés dans une matrice de verre, par un procédé de vitrification, puis coulés dans des conteneurs en acier inoxydable (inox). Ils sont aujourd’hui entreposés provisoirement sur leurs sites de production.

Les colis HA seront placés dans des conteneurs de stockage à leur réception sur Cigéo. Ils seront ensuite acheminés vers l’installation souterraine pour être placés dans des alvéoles de stockage, de longs micro-tunnels d’environ 150 m, creusées dans l’argile.