Mission accomplie ! Une maison décontaminée à Ribérac
Après la découverte de radium dans une maison à Ribérac (Dordogne), l’Andra a supervisé les opérations d’assainissement et de collecte d’objets radioactifs. Une mission de service public qui permet au propriétaire de retrouver l’usage de son bien en toute sécurité.
À l’automne 2024, une paisible maison de Ribérac a été le théâtre d’une activité insolite : la décontamination radioactive en plusieurs points d’un atelier situé au rez-de-jardin. Pendant trois semaines, elle s’est trouvée interdite d’accès, excepté aux techniciens de la société spécialisée Nuvia Prévention et à ceux de l’Andra, qui supervisaient les travaux.
Pour prévenir les risques, tous étaient équipés de masques respiratoires et de combinaisons étanches. Dans une pièce, des bâches délimitaient un espace confiné où les objets suspects étaient triés et vérifiés radiologiquement. Une fiole remplie de radium, un réveil et un manchon de lampe au thorium ont ainsi été isolés et conditionnés dans des sacs étanches, avant d’être pris en charge par l’Andra. Quant aux surfaces de sol contaminées, elles ont été méticuleusement aspirées, nettoyées, voire écroûtées(1) en surface. Le chantier ne s’est terminé que lorsque les appareils de détection de la radioactivité n’ont plus réagi.
« Cela peut sembler spectaculaire pour les riverains, mais ce chantier n’a rien d’extraordinaire, tient à préciser Nicolas Renault, technicien en assainissement de sites pollués par la radioactivité à l’Andra. Nous en organisons deux ou trois chaque année. Nous avons des prestataires techniques avec qui nous sommes sous contrat afin de pouvoir intervenir très vite une fois que la Commission nationale des aides dans le domaine radioactif (CNAR) a donné son accord de financement(2). »
(1) L’écroûtage consiste à retirer la couche superficielle du sol.
(2) La CNAR intervient pour définir l’usage des subventions publiques consacrées à l’assainissement de sites pollués par la radioactivité.

Alerte à la poudre blanche

Retour en arrière…
En février 2024, le fils du propriétaire est en train de débarrasser l’atelier au rez-de-jardin, où rien n’a bougé depuis de nombreuses années, pour mettre la maison en vente. Il tombe sur une fiole sommairement fermée contenant une poudre blanche. Ignorant quel peut être son contenu, il l’ouvre pour tenter de l’identifier et, au passage, en renverse une petite partie sur le sol. C’est alors qu’il avise l’étiquette indiquant « sels radioluminescents »(3).
Il l’enferme aussitôt dans une boîte en plastique qu’il place à l’extérieur, puis prévient les autorités. Les sapeurs-pompiers effectuent une intervention de mise en sécurité de l’objet – dans le vide-sanitaire de la maison – et réalisent les premières mesures radiologiques. Celles-ci ayant mis en évidence plusieurs zones de contamination radioactive, la préfecture déclenche l’intervention des spécialistes de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Ces derniers vérifient l’absence de danger pour les personnes ayant été en contact avec la fiole, puis dressent une cartographie de la radioactivité des lieux. Ils transmettent ensuite leur rapport à l’Andra, qui détermine et organise rapidement les travaux d’assainissement nécessaires.
(3) C’est-à-dire avec un élément radioactif ayant la propriété d’émettre de la lumière dans l’obscurité.
Un service public

« Ce particulier a eu le bon réflexe en prévenant les autorités, pour lui comme pour la collectivité, décrypte Nicolas Renault. La maison est désormais sûre pour ses futurs occupants, et tous les éléments contaminés, dont les déchets radioactifs du chantier, se trouvent maintenant sur notre Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage de l’Aube. Enfin, cette intervention relevant de la mission de service public confié par l’État à l’Andra, le propriétaire n’aura rien à payer. »
Le radium, héritage d'années folles
Métal découvert en même temps que la radioactivité par Marie et Pierre Curie en 1898, le radium devient luminescent lorsqu’il est associé à certains matériaux. Dès les premières années du xxe siècle, l’industrie horlogère se saisit de cette propriété, notamment pour rendre les chiffres des cadrans des réveils et des montres visibles dans l’obscurité. L’engouement gagne les cosmétiques et l’on voit se multiplier dans les années 1930 les crèmes et les pommades censées donner un teint plus lumineux. Pourtant, le radium est d’une utilité indiscutable pour la médecine, tant pour le diagnostic que le soin. Mais ces vertus bien réelles ont été détournées à des fins commerciales.
Cet usage aujourd’hui proscrit a laissé un héritage d’objets radioactifs, parfois oubliés dans des caves ou des greniers, qu’il faut gérer en les identifiant et en les prenant en charge de manière sûre.
Faire reprendre vos objets radioactifs
Les objets radioactifs peuvent se reconnaître à la présence du symbole en forme de « trèfle » (ou trisecteur) sur leur emballage ou des lettres « rad » ou « ra » dans leur nom. Ils peuvent aussi être conditionnés dans du béton ou du plomb. Il s’agit le plus souvent de réveils, d’aiguilles médicales, de poudres ou de produits cosmétiques anciens. L’Andra est chargée de les collecter gratuitement. Elle en récupère ainsi une cinquantaine chaque année, partout en France.
Contact : 01 46 11 83 27 ou collecte-dechets@andra.fr