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Site archéologique du Rozel : du sable et des Hommes (de Néandertal)

Niché dans les dunes de la côte ouest du Cotentin, près de Cherbourg, le site préhistorique du Rozel témoigne d’occupations humaines vieilles de 80 000 ans. Plusieurs milliers d’empreintes d’Hommes préhistoriques, dont Néandertal, ont déjà été découvertes grâce aux archéologues et aux bénévoles de l’association SOSNéanderozel, soutenue par l’Andra.

« Le site du Rozel est exceptionnel ! », s’enthousiasme Dominique Cliquet, spécialiste du paléolithique et conservateur du patrimoine à la Drac de Normandie, qui dirige les fouilles archéologiques depuis 2012. 

En dix ans, la dune a déjà révélé de nombreux vestiges laissés notamment par des Hommes de Néandertal, dont 2 900 empreintes de pieds, mains et genoux... alors qu’on ne connaît que neuf autres empreintes ailleurs dans le monde pour cette période. « La multitude d’empreintes permet de comprendre comment ce groupe d’une quinzaine de personnes vivait et gérait l’espace. Il y a, par exemple, une “salle de jeu” parsemée d’empreintes d’enfants et d’adolescents, et une “cuisine” où des pas adultes côtoient des ossements d’herbivores ». Autrement dit, le site du Rozel est une fenêtre ouverte sur le passé, que l’association SOSNéanderozel a permis de préserver.

Le site du Rozel est à l’honneur dans un ouvrage paru sous la houlette de Dominique Cliquet : Les environnements des occupations pléistocènes de Normandie et des îles anglo-normandes. Des milieux et des Hommes aux Presses universitaires de Liège.

Promesses de nouvelles découvertes

Mais le temps presse. Sujette à érosion, la dune est aussi menacée par le changement climatique. Pourtant, elle abrite encore de nombreux secrets : il reste encore cinq mètres d’épaisseur de dune à explorer pour découvrir de nombreux vestiges, empreintes et nouvelles traces de la présence de loups, lynx ou oiseaux migrateurs.

Au titre de son engagement pour la sauvegarde et la transmission de la mémoire, l’Andra a décidé de soutenir le travail de l’association SOSNeanderozel. Sa contribution financera des études par dosage de la teneur en isotopes (voir encadré) qui permettent de déterminer le régime alimentaire (herbes, feuilles), l’âge des herbivores tués pour être mangés par nos ancêtres et à partir du strontium les déplacements des animaux et des hommes qui suivaient les troupeaux.

Le Centre de stockage de la Manche a ainsi proposé une exposition qui mêle vestiges et découverte des techniques utilisées par les préhistoriens. SOSNéandertal et l’Andra proposent également des visites du site de Rozel aux scolaires et des conférences sont organisées de juillet à décembre avec le Manoir du Tourp. « L’Andra, avec qui nous avons déjà organisé des expositions, et les archéologues que nous sommes partageons un vif intérêt pour la mémoire transmise par les témoins matériels », conclut Dominique Cliquet.

 

Dosage de la teneur en isotopes

La composition du noyau de certains éléments chimiques peut varier et ainsi révéler l’origine géographique ou l’âge des objets auxquels ils sont incorporés. En archéologie, on exploite principalement les proportions d’isotopes de strontium, d’oxygène et de carbone.

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