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Exposition : promenade sous la plage, à la rencontre de nos ancêtres gaulois

S’immerger dans la vie d’un petit port gaulois mis au jour sous la plage d’Urville-Nacqueville, c’est l’expérience passionnante qui était proposée par le Manoir du Tourp jusqu’au 3 janvier 2022. Un événement parrainé par l’Andra dans le cadre de sa mission de transmission de la culture scientifique, de la mémoire et de la solidarité entre générations.

L’Andra s’implique dans la conservation et la transmission de la mémoire pour ce qui est des centres de stockage, toutefois cette mission ne se limite pas à ses propres activités. Dans le cadre de ses parrainages, l’Agence soutient des événements en lien avec la culture, l’histoire et le patrimoine local. Dans les derniers en date : l’exposition archéologique « Le peuple des dunes, des Gaulois sous la plage » qui était à découvrir jusqu’au 3 janvier dernier au Manoir du Tourp, à Omonville-la-Rogue (50). Une aventure riche en découvertes, sur les traces des villageois qui peuplaient le site au Ier siècle avant notre ère.

Des indices parlants

Sur ce site connu des scientifiques depuis le XIXe siècle, alors que la mer ne recouvrait pas encore la plage, plusieurs vestiges datant de la fin de l’âge du fer(1) avaient été découverts : des ébauches de bracelets en lignite, roche introuvable aux alentours, exploitée principalement dans la baie de Kimmeridge (îles britanniques), ainsi que la base d’une maison circulaire, typique elle aussi des constructions d’outre-Manche de cette période. En 2009, ces indices ont « aiguisé l’appétit » d’Anthony Lefort, archéologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)(2), qui effectuait alors sa thèse. « Tout laissait à penser que la plage recouvrait les vestiges d’un port gaulois important, et que celui-ci faisait partie des réseaux d’échanges maritimes avec le Sud de l’Angleterre. Je me suis donc lancé dans un projet de fouilles qui a duré dix ans. Un pari gagnant ! »

Sous la plage, la mémoire d’un village

Anthony Lefort ne s’est pas trompé. Sur ce site, les recherches archéologiques ont révélé l’existence entre 120 et 80 avant J-C de tout un village, et des activités qui s’y seraient tenues, à commencer par plusieurs ateliers spécialisés dans la fabrication de bracelets avec de la lignite en provenance directe des côtes britanniques. En termes d’habitat, la fameuse maison circulaire et d’autres constructions « à l’anglaise » ont été mises au jour, mais aussi des bâtiments rectangulaires typiques de l’habitat gaulois local. « Cela nous a appris que dans ce village, une population mixte composée de Gaulois et de Bretons (ancien nom des Britanniques) vivait ensemble, que ces derniers étaient parfaitement intégrés à la population autochtone. » Les fouilles de l’ancien cimetière (nécropole) l’ont d’ailleurs confirmé avec la découverte de dix individus inhumés membres fléchis, selon les anciens rites du centre de l’Angleterre. Des conclusions qui seront précisées avec les résultats des analyses d’ADN encore en cours.

En immersion dans le temps

Pour transmettre ces découvertes, rien de tel qu’une exposition vivante, immersive, touchant le public le plus large possible. Organisée au manoir du Tourp, « Le peuple des dunes, des Gaulois sous la plage » avait été conçue comme une plongée au cœur du village gaulois grâce aux nombreuses reconstitutions proposées aux visiteurs. « L’exposition proposait plusieurs niveaux de “lecture” pour s’adapter à tous les publics. Les enfants n’avaient pas été oubliés : ils avaient comme guide un personnage local haut en couleur : le Gaulois Patrix ! », précise Anthony Lefort qui était aussi commissaire de l’exposition.

 

(1)Aux environs de 100 avant J-C.

(2) Les chercheurs de l’Inrap mènent des fouilles « préventives » dans le cadre de projets d’aménagement du territoire afin de détecter d’éventuels vestiges en amont des travaux. Ici, les fouilles ont été effectuées sur un site archéologique voué à la destruction, sous l’effet de l’érosion du littoral causée par le réchauffement climatique.